Nous reprenons la suite de l’ouvrage de Salomé. Chacun de nous se construit un réseau de croyances ou de mythologie personnelle sur la vie, la mort, l’amour, les hommes et les femmes, les relations et soi-même.

Quelques croyances

Nos réactions sont déterminées par l’interprétation que nous donnons aux événements, bien davantage que par les événements eux-mêmes. Les voir avec d’autres yeux, accepter de remettre en cause une croyance sera la seule possibilité d’avancer vers une évolution, une maturation, une croissance. Lorsque nous parlons de nous-mêmes, nous avons besoin de produire une description claire de notre façon de fonctionner et nous allons l’offrir, la présenter aux autres, mais surtout à nous-mêmes. Cette auto mystification remplit une fonction essentielle. Ces fausses images que nous produisons ont une fonction relationnelle et une fonction interne. Ce peut être blessant de les découvrir. La fonction interne consiste à me donner une impression d’équilibre de conscience de moi. Ces comptes seront difficiles à abandonner ou à modifier car ils forment un schéma dans lequel je modèle les événements de ma vie. Cela me donne une conscience et une cohérence. Changement de vision, d’angle de vue, autre regard, c’est le premier pas vers l’assouplissement des fausses images qui nous encombrent et nous empêchent de nous rencontrer.

Le dû et la justice

Une des croyances les plus difficiles à lâcher est celle qu’il y a, qu’il devrait y avoir une justice humaine, et dans les relations, une réciprocité due et des droits et devoirs vis-à-vis de l’autre. Nous n’avons pas le pouvoir de modifier les sentiments de l’autre, de les augmenter, de diminuer, de les transformer. En renonçant à cette toute-puissance de caractère infantile, nous entrons dans la maturité relationnelle. Et pour se développer, grandir il faudra renoncer, faire son deuil de cette mythologie tant aimée.

Croire devoir

Je ne peux pas entendre et reconnaître les désirs, les demandes, les déceptions, les souffrances de l’autre si je suis prisonnier de mon croire devoir. Lâcher quelques-unes de ses missions, laissez tomber les injonctions reçues, prononcées au devoir faire, sont autant de chemins pour retrouver plus de possible, pour s’ouvrir à plus de liberté.

Les fictions

il est possible de ne pas accepter l’histoire, telle que la raconte l’autre, comme une réalité pour soi mais de l’entendre comme une réalité importante pour lui. De renoncer au désir de le convaincre. C’est en acceptant le vécu de l’autre, et non en le faisant mien, que je retrouve l’essence de la communication. C’est un des chemins de la tendresse que de pouvoir confirmer ce qui vient de l’autre sans vouloir le colorer à son profit. Le sens donné aux événements est le pivot de notre vie quotidienne et relationnelle. C’est l’histoire que nous nous racontons qui fait notre histoire, son dynamisme et ses répétitions. Il faut aimer l’autre à partir de notre plénitude et non de nos manques.

L’évolution

Ces modifications de croyance, changement de postulats et de points de vue seront à la base d’une évolution possible. Le chemin en tout cas doit être personnel car chacun de nous est porteur de ses croyances et qui peut dire détenir la vérité ? Chapitre six et suivants

Les grands saboteurs

Souvent les bonnes intentions ou la bonne volonté d’une communication vivante ne manquent pas. Pourtant celle-ci est souvent sabotée par des mécanismes. La prise de conscience de ces grands saboteurs est le premier pas vers une relation à l’autre à soi plus saine. Il me faudra repérer mes zones de tolérance et surtout d’intolérance. Ces souffrances portent essentiellement sur trois aspects. Le premier est l’envahissement de mon territoire. Le second une blessure narcissique liée à l’image que j’ai de moi-même. Le troisième de l’appréhension d’une persécution future. Ces grands saboteurs nous les nommons souvent auto privation, ressentiment, jalousie, culpabilisation, jugement, comparaison, projections et appropriation. Ces saboteurs sont à l’origine de nombreuses maladies( cancer, etc..) Les relations pures dans l’abandon de soi et l’amour inconditionnel sont très rares. Elles sont plus souvent avec un minimum de projection et d’appropriation. Le chemin vers l’harmonie commence par une prise de conscience puis un travail sans relâche sur l’abandon de ces mécanismes. Mieux je suis séparé, différencié, mieux j’existe

La plainte

Celui qui se plaint a envie de se plaindre il ne demande pas forcément réparation. Il exprime son impuissance et n’est pas à la recherche d’une solution. De la plainte sur soi en passant à la plainte justification, la plainte attaque, de la plainte valorisation , ce sont autant de façons déguisées de se prendre du bon temps aux dépens du confort de l’autre sans le lui demander. Mais la plainte est aussi une décharge et un partage. A dose homéopathique elle peut servir de soupape.

Quand le silence des mots réveille la violence des maux

Nous avons, pour nous dire, et surtout pour ne pas nous dire, de multiples langages. C’est surtout notre corps qui émet et reçoit une infinité de messages. Les somatisations sont des langages symboliques avec lesquels nous tentons de dire à un entourage significatif nos sentiments réels quand ils sont censurés ou interdits par des peurs. Les maladies sont les cris du silence. Cette affirmation préliminaire peut sembler un paradoxe et risque de blesser ou de heurter le lecteur. Beaucoup de recherches récentes montrent pourtant que la maladie ou la santé ne nous tombe pas dessus comme ça, au hasard. C’est bien notre corps qui accueille entretien ou rejette bactéries virus accident etc. Les maux sont des langages symboliques avec lesquels nous allons tenter de dire :
  • les conflits personnels et interpersonnels,
  • les situations inachevées qui restent comme autant de blessures ouvertes dans le secret du corps,
  • les séparations, les pertes, quand elles n’ont pas été apaisées par le deuil,
  • les messages anciens de fidélité, de réparation, de soumission ou de conformité que nous acceptons. Par la culpabilisation, nous restons liés aux souffrances de l’autre, prisonnier de loyauté.

Les prescriptions symboliques

Si nous acceptons l’idée que les maux produits par le corps sont des langages symboliques, cela veut dire qu’il sera possible de les soigner non seulement à partir de leurs symptômes mais à partir du sens, du discours caché dans lequel ils s’inscrivent, et de les traiter par des réponses symboliques.

Le terrorisme relationnel

Il se joue quotidiennement autour des tables familiales, dans les lits conjugaux, dans les voitures.. Il peut même prendre la forme douce de la bienveillance: « il faudrait mieux pour toi que tu… », »j’ai pensé que ce serait mieux pour toi… » Ou une forme plus ouvertement violente : critique, chantage et reproche. Cela peut prendre encore les terribles formes de l’injonction paradoxale (messages contradictoires) ou du déni (faire comme si l’autre n’avait rien dit) .On dit souvent que l’enfer est pavé de bonnes intentions.

Le corps a besoin d’une parole pour s’entendre et une oreille pour se dire.

Les responsabilités

Notre position relationnelle la plus fréquente consiste à dénier la responsabilité de ce que nous éprouvons par un déplacement sur l’autre.Cette toute-puissance attribuée à l’autre a pour résultat de déresponsabiliser de la prise en charge de nous-mêmes. Cette perspective va m’entraîner dans ce piège relationnel très courant : la tentative de faire changer l’autre. Inversement d’autres personnes ont tendance à se sentir responsable de tout ce que ressentent ceux qui les entourent. Même punition. Je ne suis pas responsable de ce que l’autre ressent. Ne pas prendre la responsabilité de l’autre, ce sera aussi refuser de l’aider à échapper aux conséquences de sa décision. Je suis responsable des sentiments que j’éprouve. Cela provoque souvent un choc tant est naturel la tendance à vouloir traiter chez l’autre le problème que nous avons avec lui. La prise de conscience de notre propre responsabilité dans ce que nous vivons peut nous donner un sentiment de liberté immense même si, dans un premier temps, nous nous sentons prisonniers de nous-même et non plus de l’autre. Si je considère que toute relation a deux extrémités, il m’incombe de prendre en charge l’extrémité qui est de mon côté, et seulement elle. Chacun peut transformer, inverser la dynamique énergétique d’une relation en repositionnant sa définition de lui-même face à l’autre.

Devenir un meilleur compagnon pour soi-même

il est difficile d’accepter qu’on ne naît pas femme ou homme mais qu’on le devient. Si j’accepte d’adopter cette optique : je suis responsable de ce que je ressens, beaucoup de mes attitudes, de mes habitudes de pensée devront se modifier. Mon regard sur les autres et sur moi-même sera amené à se transformer. Car c’est la tache d’une vie que d’accéder ainsi à devenir, à être le meilleur compagnon… Que je puisse avoir dans mon existence. Être un bon compagnon pour soi-même : C’est découvrir que la solitude peut être féconde, pleine et source de rencontres. C’est expérimenter qu’il est possible de ne pas s’ennuyer en sa propre compagnie. C’est être capable, à l’égard d’autrui, de prolonger son regard au-delà des premières impressions et aussi d’avoir un regard bienveillant et stimulant pour soi. C’est pouvoir sortir d’une dynamique d’auto privation faite de la non reconnaissance de ses propres besoins, de ses propres désirs. Car nous sommes souvent, à l’écart de nous-mêmes, des parents critiques exigeants, peu gratifiants et peu encourageants. Ne jamais hésiter à tendre la main… Au meilleur de soi-même. La liberté, c’est avoir la possibilité de choisir, donc de renoncer. Être bon compagnon pour soi, ce ne sera pas vivre en autarcie relationnelle dans une univers clos, fermé à tout échange. Ce sera entrer en dialogue, en relation avec différents aspects de soi-même pour mieux se connaître, y voir plus clair et mieux s’entendre. Pour devenir, justement, plus ouvert, plus sensible, plus congruent et par là même plus attractif. En un mot : plus vivant. Le changement personnel : la seule aventure inépuisable qui nous soit donnée de vivre, une aventure inscrite dans les tâtonnements et les enthousiasmes du quotidien. La transformation intérieure et le changement dans nos relations et dans les événements sont deux pôles toujours liés.

Devenir qui je suis de façon unique, chiffre secret d’une conquête.

Cette phrase que je trouve très belle et pleine de sens clôt ce livre , dense et pas évident à travailler. Il m’a apporté beaucoup, dans une construction de mon identité et toute une période où le regard de l’autre pesait fortement. Depuis , j’ai parcouru le chemin , doucement, vers une acceptation de qui je suis et et je suis devenu un bon compagnon pour moi-même. Et vous, que pensez-vous de ce bouquin ?